Rémi ou les vertus de la procrastination

directeur général

Thèmes/outils : Recadrage Photolangage Accueil émotions et peur Relaxation Trois batteries Ancrage

Contexte :

Rémi est Directeur Général dans un grand groupe industriel. A la suite d’un départ négocié de l’entreprise, il bénéficie d’un outplacement, mais il ne lui faut pas moins d’un an pour le débuter. Un an consacré à aider un copain qui lance sa start-up (avec l’espoir secret que cette start-up pourrait l’embaucher), puis à entreprendre des travaux de rénovation dans sa maison, mais aussi à aider sa fille aînée qui passe des concours…

Au bout de cette première année bien remplie à s’occuper des autres, il vient à notre premier rendez-vous, accepte de faire les exercices proposés pour son bilan-projet et enchaîne avec plusieurs ateliers. Pourtant, au moment où il devrait démarrer sa recherche et activer son réseau, sa démarche patine et que plus rien n’avance. Il commence à reporter nos entretiens. Le prétexte est simple : selon lui, « Il ne se passe rien ! ».

Je lui propose alors de faire un bilan de la période écoulée depuis qu’il a quitté son poste en lui posant trois questions :

“Qu’est-ce qui était important pour toi et que tu as réalisé ?” – “Aider mon copain à lancer sa start-up et refaire le sol de ma maison”, répond-il sans hésiter.

” Qu’est-ce que tu as réalisé et qui n’était pas prévu ?” Il lui faut un peu plus de temps : “Accompagner mon copain dans sa levée de fonds et prendre un rôle fonctionnel dans sa start-up…  Refaire ma pelouse… Découvrir de nouvelles relations avec mes enfants ; leur témoigner mon affection.”

– Qu’est-ce que tu avais prévu et n’a pas eu lieu ? Cette fois, la réponse fuse : “Trouver un job !”

Ma quatrième question vise l’utilité de la procrastination.  Elle le prend au dépourvu (le mot est généralement connoté de manière péjorative) mais il finit par me répondre : “J’avais besoin de temps pour tourner la page. En fait, le départ de l’entreprise a été violent. J’étais en colère, mais je ne voulais pas l’admettre. Et puis, cette période de transition est plus compliquée que je ne le pensais : besoin de me préparer, de rencontrer des gens, d’acquérir de nouveaux codes, de retrouver l’envie…”

Je demande alors à Rémi : “Qu’est-ce que tu avais prévu pour toi l’an dernier, qui est important pour toi, et que tu aimerais voir se réaliser l’an prochain ? “Cette fois, je l’invite à écrire sa réponse au paper-board et à choisir une image, métaphore de l’utilité de la procrastination, puis à tirer un mot au hasard.

En explorant les éléments de l’image, puis les relations entre l’image et le “lâcher-prise”, Rémi parvient à verbaliser les émotions attachées à la période qui vient de s’écouler. Il évoque son combat intérieur : écouter ses envies (profiter de la vie, passer du temps avec ses enfants…) et son devoir (retrouver un poste qui lui permettra de reprendre sa place sociale et économique). Il partage sa crainte de ne pas y arriver, mais aussi sa peur du jugement.

Je lui propose alors de repenser à un moment où il n’a pas eu peur du regard des autres, et de me décrire comment il s’est senti, ce qu’il a fait. “Dans ce cas, affirme-t-il, je suis celui qui mobilise, qui entraîne les autres. Je suis authentique, je ne me pose pas de questions…”

Après une petite séquence de relaxation qui permet à Rémi de se mettre à l’écoute de son corps, de ses ressentis, nous nous projetons mentalement à la fin de l’année : Que va-t-il faire, dire ? En quoi pourrait-t-il être différent aux yeux des autres ? Quelles ressources va-t-il utiliser ?

Au bout de 15 minutes de description de ce futur proche, Rémi revient dans la salle, où nous terminons notre session par un partage sur ses apprentissages et son plan d’action. Il choisit comme ancrage une image de montagne au lever du soleil et intègre un exercice quotidien pour pratiquer la bienveillance avec lui-même et avec autrui. Je lui recommande également de s’adonner régulièrement à la sophrologie qui semble lui faire beaucoup de bien et lui permet de relier ses trois “batteries” : tête, cœur et corps.

Cette situation illustre comment l’utilisation des métaphores permet de sortir du mental et d’aller avec les clients sur un registre plus émotionnel, sensible ou concret. Le détour par l’image les reconnecte à une partie d’eux-mêmes, ce qui les remet en énergie. C’est également un moyen puissant pour les accompagner dans l’exploration de leurs peurs.