Clara, directrice marketing dans l’industrie, vise un changement de secteur

Étude de cas : équilibre vie privée et vie professionnelle

Thèmes/outils : Ressources Futur Parfait Intuition et créativité Envie et énergie Recadrage Savoir dire non

Equilibre vie privée et vie professionnelle : le contexte

Clara, Directrice marketing dans l’industrie arrive dans mon bureau. Après avoir frôlé le burn-out, elle semble soulagée d’avoir quitté son entreprise, mais se pose beaucoup de questions sur sa valeur et son devenir professionnel.

Son objectif : changer de secteur et redéfinir sa relation au travail pour un meilleur équilibre perso-pro.

Nous consacrons les trois premières séances à revisiter ses ressources, compétences et qualités personnelles à partir de l’analyse de son parcours et de ses réussites. Clara regagne ainsi progressivement confiance en elle, retrouve fierté et estime de soi. Ceci fait, elle a encore besoin de se rassurer sur sa capacité à changer de secteur et à franchir une marche en termes de management, tout en retrouvant et préservant un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Je lui propose alors de rédiger sa job description idéale : secteur ; type d’entreprise, contenu et périmètre du poste… Clara se prête volontiers à l’exercice et revient la semaine suivante avec sa fiche de poste. Nous travaillons ensemble à affûter son pitch et ses arguments. Le lendemain, elle reçoit l’appel d’un chasseur. Incroyable : le poste évoqué correspond dans les grandes lignes à la job description qu’elle a préparée ! Incrédule mais terriblement motivée, elle répond avec beaucoup d’assurance aux questions. Résultat : il lui propose un rendez-vous le surlendemain. Nous préparerons ensemble toutes les questions possibles au sujet du poste, des enjeux pour l’entreprise et le N+1, des conditions de réussite…

L’entretien avec le chasseur se déroule au pas de charge. Sans revenir sur son parcours, il l’interpelle : « Avez-vous des questions sur le poste ? ». Clara en a préparé cinq mais elle n’aura pas le temps d’aller jusqu’au bout. Très vite, son interlocuteur l’interrompt et lui propose de rencontrer le N+1 : « C’est lui qui pourra mieux vous répondre ! ». Les rendez-vous s’enchaînent avec succès et la voici, quelques semaines plus tard, Directrice Marketing dans une entreprise industrielle du secteur des matériaux.

L’enjeu managérial de ces nouvelles fonctions est important et Clara découvre le fonctionnement en CODIR dans une nouvelle entreprise. Le coaching d’intégration est l’occasion pour elle de vivre ces changements tout en validant son objectif d’équilibre perso-pro : beau challenge !

Dès la première séance, Clara fait état de son extrême fatigue et de sa difficulté à dire non. Responsable d’un périmètre mondial, elle est mobilisée dès 8h du matin pour échanger avec la Chine et termine souvent à 22h pour les calls avec les US !  Bien sûr, elle n’ose ni refuser ni modifier la planification.

Questionnée sur les conséquences d’une réponse négative et sur ses peurs, Clara laisse affleurer des croyances personnelles liées à l’image qu’elle veut donner, celle d’une professionnelle fiable, responsable et respectueuse de la hiérarchie. Je l’invite alors à se souvenir de situations où elle a su dire non tout en restant fiable et responsable. Bonne nouvelle : elle y est déjà arrivée ! Nous poursuivons en déterminant ensemble ce qui est de sa responsabilité et de ce qui ne l’est pas. Émerge alors une tendance bien connue dans les populations de cadres supérieurs et de dirigeants : se sur-responsabiliser, quitte à faire à la place des autres.

Lorsque je revois Clara quelques semaines plus tard, la situation s’est améliorée, mais je la sens toujours tendue. Ce ressenti persistant, je partage ma perception :

–  “Clara, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui… pèse, qui est lourd à porter…”

Après un petit temps d’arrêt, elle me répond avec un sourire forcé : “Oui, je me sens triste et j’ai comme un poids sur la poitrine”. En disant cela, les larmes lui montent aux yeux. Elle s’autorise alors à exprimer son découragement : elle a l’impression d’avoir tout essayé, mais que son N+1 n’a pas l’air de comprendre.

– “S’il était là, qu’est ce que tu aimerais lui dire ?”

– “J’aimerais lui dire que j’aime beaucoup mon travail et mes interactions avec les équipes US et en Chine, mais que j’ai besoin de poser des limites et de convenir avec elles de créneaux réservés pour nos réunions et que ces créneaux soient limités dans la semaine…”

– “Quand revois-tu ton N+1 ? Quels sujets avez-vous prévu de traiter ? Comment peux-tu aborder cette thématique avec lui ?”

Ces question concrètes aident Clara à se projeter dans l’entretien et à reprendre confiance. Comme une comédienne en répétition, elle s’entraîne à dire simplement ce qu’elle à besoin de communiquer à son supérieur. L’exercice terminé, elle semble apaisée.

Lors de la session suivante, elle me raconte qu’elle a pu mettre son plan à exécution. En accord avec son N+1, elle a communiqué à ses équipes aux US et en Asie des plages de travail disponibles. Ainsi, elle a pu réserver deux créneaux hebdomadaires dans son agenda pour refaire du sport régulièrement.

A la fin de la période d’essai, Clara est confirmée et se voit confier un périmètre et des responsabilités élargis. Lorsque je la revois six mois plus tard, elle me confie qu’elle est fière de la relation qu’elle a su créer avec son N+1 et de la confiance qu’il lui accorde.

Rémi ou les vertus de la procrastination