Les questionnaires de personnalités

Des outils précieux, une interprétation essentielle

Sans être indispensables au travail du coach, les questionnaires de personnalité peuvent s’avérer de précieux outils. Il en existe principalement deux types : les tests psychométriques et les questionnaires typologiques.

Les tests psychométriques

Ils sont fondés sur une approche analytique où la statistique joue un rôle important. Ils  caractérisent la psychologie d’un sujet à travers un certain nombre de traits de personnalité. Ceux-ci sont appréciés sur une échelle d’intensité qui situe l’individu par rapport à une population de référence déterminée selon des données objectives (âge, sexe, niveau de formation, nature des responsabilités etc.).
Ces outils saisissent une personnalité à date, comme une photographie. Il en reflètent les composantes structurelles mais aussi les mécanismes adaptatifs et jusqu’à certains mouvements d’humeur. Ainsi est-il normal qu’un même test, passé à plusieurs années d’intervalle présentent des résultats différents.
Ce type d’investigation est prioritairement utilisé à des fins d’évaluation (recrutement externe ; « détection des talents » ; pilotage de carrière…). Il est mis en oeuvre à travers des questionnements complexes et itératifs souvent déroutants. Leur finalité : détecter des incohérences – révélatrices d’un probable défaut de sincérité… Quand vient l’heure des résultats, le sujet est à peu près dans la situation du patient face au résultat d’un examen médical. Incapable d’en saisir immédiatement le sens, il n’a d’autre choix que de se fier à l’avis d’un expert. Par conséquent, la personne chargée d’administrer et de commenter ces résultats se trouve investie d’un pouvoir et d’une responsabilité considérables. L’éthique professionnelle exige du reste qu’elle valide la pertinence de ces résultats par un questionnement approprié avant de tirer la moindre conclusion.

Les questionnaires typologiques

Les questionnaires typologiques dont le MBTI est le témoin le plus représentatif, s’appuient sur une vision globale de la personnalité, considérée comme un éco-système. Il s’agit moins d’identifier un ensemble significatif de comportements et de motivations à un instant T que de comprendre un processus mental préférentiel pérenne, celui par lequel nous traitons l’information acheminée par nos capteurs sensoriels pour élaborer des représentations puis prendre des décisions.
Ce genre de questionnaire n’est pas un « test » à proprement parler mais un simple “indicateur typologique”. Ses résultats proposent une hypothèse, qui doit être complétée par un “entretien de découverte”. Dans cet échange, le consultant se garde bien de poser un diagnostic. En revanche, il s’efforce d’être un guide impartial pour aider le sujet à comprendre le modèle avant d’y trouver sa juste place. Car, in fine, il appartient bien à chacun, par la réflexion et par l’échange, de juger pour soi-même de son appartenance à l’un des seize types existants.

Bénéfices de cette approche

L’approche n’est pas exclusivement centrée sur un soi isolé : elle apporte immédiatement une mise en perspective et ouvre à des alternatives comportementales qui expliquent le passé (pourquoi je suis particulièrement à l’aise dans telle circonstance mais aussi pourquoi j’ai eu de mauvaises relations avec telle personne, pourquoi j’ai du mal à gérer telle type de situation…) et donnent des clés pour l’avenir.

Elle respecte pleinement la notion de parité (échange d’égal à égal), importante dans la posture de coach.

Elle sensibilise le client à une notion de « développement personnel durable » (qui peut désormais trouver un écho immédiat, compte tenu de l’évolution de la sensibilité environnementale. Cette approche de « l’écologie personnelle » se traduit par l’identification d’une « zone de confort » et d’une « zone d’effort ». Personnellement, je préfère substituer à la notion de « zone de confort » celle de « zone d’efficience » : un maximum de résultat pour un minimum d’énergie et de temps avec le plaisir à la clé (Pour des cadres et des dirigeants attachés à la valeur Travail, à la persévérance et à une forte capacité à gérer la frustration immédiate dans la perspective de gains futurs, « rester dans sa zone de confort » risque d’être perçu de manière péjorative, comme une tentation de se laisser aller à la facilité ou au « déjà connu »).

Elle aide à prendre conscience de la dimension paradoxale de chaque personnalité à travers l’exploration des fonctions non préférées, lesquelles sont à la fois une source de difficulté, d’énervement, voire de relative souffrance  mais aussi d’authentiques ressources : elles peuvent aider à comprendre en quoi l’on a parfois du mal à s’accepter et en quoi l’on peut aussi éprouver, à l’égard de certaines personnes un mélange d’agacement et d’envie, sinon d’admiration).

Par voie de conséquence, elle facilite l’acceptation de soi et déculpabilise celles/ceux qui sont enclins à l’autoflagellation : « Ce que je suis n’est pas seulement le fruit de mon histoire et de ma volonté mais d’un certain mode d’organisation ou d’« ossature psychique », qu’il n’est pas possible de modifier. Chercher, à force de volonté, à mettre en place des correctifs à n’importe quel prix n’est pas seulement vain, mais dangereux.

Elle permet de mieux comprendre ses besoins, ses talents et ses limites ainsi que les conditions du succès et a contrario celles qui accroissent les risques d’échec.

Elle permet de mieux connaître « le prix à payer » pour atteindre certains objectifs.

Elle permet enfin, et à plus long terme,  de s’engager sur un chemin de développement personnel pertinent.

En guise de conclusion

Les modèles de personnalité (et les questionnaires qui y donnent accès) sont des outils précieux, mais il ne sont que des outils. Leur utilité reste conditionnée par une mise en oeuvre rigoureuse, où se combinent éthique et technicité. Leur principal mérite est sans doute de proposer au praticien – au-delà de son intuition – un fondement objectif pour aider son client à approfondir la connaissance de soi. MaI utilisés, ils peuvent en revanche s’avérer totalement inutiles, voire dangereux. En tout cas, ils ne remplaceront jamais les deux fondamentaux que sont la qualité de l’écoute et la pertinence du questionnement.